Saga
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Comportement Félin : Mon minou insupportable !
Comportement

Mon chat miaule tout le temps

Depuis notre plus lointaine enfance, on nous apprend que le chat est un animal avec une caractéristique unique : il miaule. Comme on nous présente toujours cela comme une évidence, alors jamais on ne se pose vraiment la question. Mais est-ce si normal que cela ? Les points forts à retenir

Mais, au fait, pourquoi il miaule mon chat ??

Depuis notre plus lointaine enfance, on nous apprend que le chat est un animal avec une caractéristique unique : il miaule. Comme on nous présente toujours cela comme une évidence, alors jamais on ne se pose vraiment la question. Mais est-ce si normal que cela ?

Pourtant, premier constat, en dehors de quelques exceptions, vous ne verrez jamais un chat miauler tout seul. En effet, si on excepte les quelques situations très spécifiques du chaton perdu ou apeuré, des femelles en chaleur ou des cris (parfois terribles) précédant une bagarre, vous ne pourrez jamais surprendre votre chat miauler sur un autre animal ! En tout cas, jamais comme il le ferait lorsqu’il s’adresse à vous.

En fait, le miaulement classique, celui qu’on connaît tous, est un son qui, la plupart du temps, nous est réservé, à nous les humains. C’est au passage un magnifique exemple – osons le mot car c’est plutôt exceptionnel – de l’adaptation d’une espèce certes très familière, à une autre. Et c’est aussi une exception car, le ronron par exemple, que souvent les maîtres prennent pour une faveur toute particulière, a lieu dans de nombreuses situations où nous ne sommes pas. Comme quoi !

En réalité, le miaulement est une adaptation comportementale issue du jeune âge. Très tôt, le chaton développe un réflexe de miaulement pour alerter sa mère d’un danger ou d’une contrariété pour qu’elle vienne l’aider. Puis, assez vite, après quelques mois seulement, il se débrouille de plus en plus seul et fini par se passer de ce soutien, qui d’ailleurs, dans bien des cas, ne viendrait plus. Les chattes n’ont pas une fibre maternelle très durable, c’est connu. Le chaton même encore assez jeune va donc rapidement se passer de miauler pour communiquer avec sa mère. Il s’émancipe. Mais, il aura malgré tout retenu l’intérêt de cet outil qu’il va conserver parce qu’il lui permet d’obtenir ce qu’il ne peut pas avoir par lui-même. Il faut retenir ce principe, car il va nous servir pour la suite. 

D’ailleurs, certains chats ne miaulent jamais ou presque pas. Ce sont souvent des chats qu’on pourrait qualifier d’indépendants. Ils font l’essentiel de leur vie tout seul sans trop nous solliciter soit parce qu’ils savent bien se débrouiller, soit parce que dans un sens, ils sont peu sociaux et n’ont pas encore vu à quoi on pouvait servir. Pour eux, les avantages qu’ils retirent de notre présence leur paraissent inférieur à la contrainte de devoir nous solliciter. Mais même pour eux, l’apprentissage qu’ils feront par notre présence les poussera à utiliser progressivement le miaulement.

Pour la grande majorité des autres Minou, en revanche, ils comprennent bien vite qu’un homo sapiens, ça peut faire tout un tas de choses utiles qu’ils ne peuvent pas faire : ouvrir une porte, obtenir des croquettes ou une caresse, faire couler de l’eau du robinet, etc… Alors, voyant qu’ils n’ont aucune autre possibilité pour influencer une action qu’ils ne maîtrisent pas, ils en reviennent assez vite à leur réflexe de chaton, et, ils miaulent. Le plus fort pour eux, c’est que ça marche presque tout le temps !  Les plus timides peuvent même venir vous voir en miaulant uniquement pour vous approcher. Alors, vu que l’outil marche du tonnerre, ils n’en finissent plus de l’utiliser. Chaque demande de service fera désormais l’objet d’un miaulement en bonne et due forme.

On peut même constater que dans de nombreuses situations notre Minou miaule alors qu’on lui a déjà tout donné et que rien ne semble lui manquer. Mais il continue de miauler quand même ! Alors, on se penche sur lui, on lui parle, on se roule par terre (ou presque) pour comprendre, on en vient même à lui poser des questions (comme s’il allait nous répondre)…  Mais lui, finalement,  va détourner la tête, parfois un peu effaré puis va retourner à d’autres occupations, souvent assez content du petit effet qu’il aura su créer ou simplement parce que cela l’aura occupé un instant. 

De l’apprentissage au Doudou magique, il n’y a alors qu’un pas…

Car c’est bien connu, les chats ne sont pas des animaux particulièrement soucieux de la tranquillité des autres. Ils ne portent pas une empathie à la hauteur de celle qu’on leur accorde bien souvent. Ce n’est peut-être pas très gentil pour eux mais il y a un certain réalisme à avoir là-dessus, si on veut comprendre ce qu’il se passe, et surtout quoi faire quand ça dérape (car ça dérape presque toujours).

si le chat enrichit un peu sa communication en modulant parfois ses miaulements, il multiplie d’abord les expériences.

Revenons un peu en arrière. Comme on l’a vu, notre chat reproduit avec nous le comportement issu de son jeune âge, ce qui l’amène progressivement à utiliser le miaulement pour toutes les choses qu’il ne peut accomplir lui-même. Il va même avec le temps développer une forme de langage rudimentaire. Certaines études ont en effet pu faire un lien entre différents types de miaulements et les besoins exprimés par nos petites boules de poils. Mais, en réalité, si le chat enrichit un peu sa communication en modulant parfois ses miaulements, il multiplie d’abord les expériences et sélectionne surtout celles qui réussissent. Au passage, il finit aussi par abandonner celles qui ne marchent pas, peut-être un truc à retenir pour plus tard. Le problème reste qu’un félin n’a pas facilement le sens de la mesure et encore moins celui de l’économie de moyens. Dès qu’une chose fonctionne pour lui, il n’a généralement de cesse d’en abuser la plupart du temps, et s’arrête quand ça finit par l’ennuyer bien entendu.

Aussi, la question qu’on peut se poser ici, c’est de savoir si par hasard, on ne porterait pas notre petite part de responsabilité au fait que notre Minou nous balance des miaous toutes les 3 minutes? Premiers éléments de réponse : si vous avez l’impression que votre Minet ne vous quitte plus (et par exemple, il vous garde toujours dans son champ de vision même s’il fait autre chose), vous réclame encore des croquettes alors qu’il en a plein sa gamelle, vous demande de lui ouvrir le robinet ou la porte sans arrêt et en vient même parfois à vous pourchasser en miaulant, alors, vous avez effectivement décroché le pompon : vous êtes devenu son Doudou officiel ! Il ne peut plus se passer de vous et vous sollicite en permanence. 

Et comme, il comprend aussi que parfois vous avez autre chose à faire, qu’il vous arrive de passer sans vous arrêter, voire de sortir assez souvent, il ne sait plus comment vous gérer. Aussi, n’ayant finalement que cet outil du miaulement pour tenter de vous maîtriser, il en multiplie l’usage à l’infini. Même pour rien ou pas grand-chose. Ce comportement est des plus naturel pour les félins qui  sont toujours dans la recherche du contrôle de tout ce qui les entoure :  « Il faut que tu arrêtes d’être un Doudou récalcitrant », nous dit notre Princesse à grands coups de Miaou ! « Ça fait 10 fois que tu me demandes de sortir ce matin, je ne comprends pas ce que tu veux », lui répond son maître… Dialogue que tout le monde pourra vivre au moins une fois avec son matou. Et pourtant, personne n’est sourd ici, quoique ? 

Alors, on va même parfois évoquer le développement d’une relation « maître-esclave ». Bien entendu, n’est pas le maître celui qui pensait l’être ! c’est pour faire comprendre ce qu’il se déroule ici. Et, avec notre époque la plus récente, faite de confinements et de télétravail qui augmentent notre présence auprès de nos petits félidés domestiques, on observe souvent que cette situation aura tendance à s’accélérer. Ce qui mettait parfois plusieurs années, se voit déjà avec des jeunes chats de 2 ou 3 ans à peine. Attention donc à rester un doudou lucide !! Il n’est pas rare qu’un chat dans cette relation totalement installée en vienne à solliciter ses maîtres à peu près à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, pour à peu près n’importe quoi et souvent rien, dans l’incompréhension (et la fatigue de tous) la plus totale.

Mais attention, les miaulements intempestifs ont aussi des causes médicales

Comme toujours avec les chats, il faut aussi faire preuve d’un peu de discernement. Si le miaulement reste pour presque toute la vie un outil de communication redirigé sur le maître, son usage et en particulier, son usage irrationnel et intempestif trouve souvent une origine médicale. En effet, dans de nombreuses situations, nous pouvons observer des chats, souvent âgés, qui miaulent la nuit et parfois toute la journée en plus, sans raison apparente, sans donner l’impression de vouloir quelque chose en particulier. Dans cette catégorie, et contrairement à une idée assez répandue, on trouve peu souvent l’expression d’une douleur. En tout cas, pas de manière nette.

C’est d’abord le traitement de l’affection causale qui aura une (petite) chance de diminuer les choses.

En revanche, on identifiera fréquemment un certain nombre de troubles de la santé plus ou moins reliés : désorientation, diminution de la vision nocturne, hypertension artérielle, insuffisance rénale et hyperthyroïdie en particulier.  Face à un chat âgé en particulier ou plus généralement tout chat qui développerait soudainement des miaulements intempestifs, parfois comme seul signe clinique, il est alors préférable de faire évaluer sa situation par votre vétérinaire. 

Dans ces contextes spécifiques, c’est d’abord le traitement de l’affection causale qui aura une (petite) chance de diminuer les choses. On peut d’ailleurs dans certains cas comparer ces types de miaulement à des crises d’angoisse ou d’anxiété trouvant leurs causes dans la diminution des capacités physiques de l’animal, ce qui en soit, est une source de mal-être et mérite donc qu’on s’en préoccupe comme tel.

Comment réagir face à la multiplication des miaulements ?

Si on excepte sur le fond une situation médicale clairement établie et qu’on la traite, alors on peut aussi avoir un comportement avec son chat plus ou moins bien approprié. Oui car c’est un constat, en particulier avec nos Minous, les homo-sapiens que nous sommes, ont souvent le réflexe de marquer contre leur camp !

Petit exemple qui vous fera tout comprendre. Si votre petit minet est venu miauler quelque fois durant ces dernières nuits, votre premier geste aura peut-être été de vous précipiter hors du lit pour arrêter la sérénade nocturne, en allant soit remplacer l’eau déjà présente ou compléter la gamelle de croquettes pourtant loin d’être vide. Fausse bonne idée ! Vous venez juste de gagner un ticket pour rejouer la nuit prochaine voire 2 heures plus tard. Vous avez, peut-être, marqué un point si le chat voulait sortir dehors et trouve de quoi s’occuper quelques heures pour ne pas revenir miauler sous votre fenêtre 10 minutes plus tard. Mais c’est pas sûr !

En réalité, le seul réflexe à avoir devant ce type de comportement, est surtout de ne rien faire. Faire le mort ou le sourd est la meilleure garantie que vous pourrez vous offrir pour empêcher toute récidive. Alors, oui, on sait que c’est très embêtant d’avoir un chat parfaitement socialisé, donc qui vous « parle » et décide d’engager une longue « conversation » au beau milieu de la nuit. Mais, et c’est aussi l’intérêt de lire ces lignes avant que cela n’arrive, posez-vous aussi la question du Doudou. Est-ce que vous n’êtes pas aller trop loin dans l’exécution systématique des demandes de votre Minou? Une grande partie de l’équilibre doit en effet résider dans le fait de ne pas répondre et on pourra même dire de ne presque jamais répondre aux sollicitations verbales de votre chat.

C’est probablement la meilleure façon de « l’éduquer » mais surtout de conserver avec lui une relation qui lui donne aussi la capacité d’une véritable autonomie. Donc le maître mot ici, c’est de se faire un peu oublier. Vous pouvez adorer votre chat et lui aussi vous adore, d’ailleurs il passe son temps à vous suivre et vous demander des choses. Mais, il faut aussi savoir dire stop et se faire respecter un peu plus. Dans les cas, les plus revêches, on peut même fermer sa porte de chambre la nuit pendant quelques temps et lui laisser tout le reste du logement. Souvent, cela suffira à lui faire comprendre que vous n’êtes pas toujours là pour lui.

Enfin, pour les chats les plus âgés et présentant effectivement des « angoisses nocturnes », mélange de désorientation et de perte d’acuité visuelle, on peut essayer de limiter le harcèlement en laissant une veilleuse dans une autre pièce, avec un petit fond sonore. Des fois cela suffit à rétablir les choses. Là aussi, l’usage de phéromones faciales ou de médicaments apaisants peuvent contribuer à améliorer les choses.
Mais, surtout ne perdez pas espoir d’arranger la situation. Le chat reste à tout âge une espèce formidablement adaptable. Quelques changements dans vos habitudes et vos premiers réflexes pourront souvent changer la donne, plus ou moins rapidement certes, car cela dépend aussi de la profondeur des habitudes prises avec votre Minou. Les miaulements intempestifs sont très souvent, et c’est assez légitime après quelques temps, une cause du désamour voire du rejet de ce qui était il y a peu notre animal préféré. Il ne faut donc jamais s’avouer vaincu et rester toujours persuadé qu’avec le temps, et quelques astuces aussi, les choses vont vraiment s’arranger !

Les points forts à retenir sur les miaulements intempestifs

  • Le miaulement n’est pas seulement un comportement instinctif chez le chat, il le développe et l’enrichit surtout au contact de l’homme
  • La répétition fréquente de nos fournitures de service face aux miaulements renforce cette pratique du chat. Avec le temps, certains chats ne peuvent plus du tout s’en passer et développe presqu’une addiction. Le maître devient alors une sorte de Doudou (voire « d’esclave » s’il prend l’habitude d’obéir tout le temps)
  • Un nombre élevé d’affections peuvent aussi conduire à l’apparition de miaulements intempestifs sur des chats très socialisés et proches de leurs maîtres. On doit donc d’abord les identifier pour espérer réduire le comportement mais aussi avoir conscience que c’est souvent le révélateur d’un mal-être (et pas forcément de douleur physiquement ressentie)
  • Face à des miaulements intempestifs diurnes et à plus forte raison nocturnes, le maître mot est de se faire oublier, en ne répondant plus du tout aux sollicitations (pour montrer que cela ne marche plus) voire en s’isolant temporairement
  • On peut limiter les « angoisses nocturnes » de son chat âgé en lui installant une veilleuse et un peu de musique douce pendant la nuit
  • Enfin, il faut toujours rester confiant dans la capacité d’adaptation de son chat. Si on change nos habitudes et nos réflexes à son égard, il modifiera souvent rapidement de lui-même son comportement nuisible pour nous.
La rédaction de cet article a été effectuée sous la responsabilité éditoriale et technique du Dr Frédéric VEREZ, vétérinaire praticien en médecine canine depuis 20 ans. Les avis et les conseils formulés sont donnés à titre d’information générale délivrée au public et ne sauraient se substituer à l’intervention de tout professionnel autorisé et compétent, qui sera en capacité d’examiner, de comprendre et de prendre en charge la situation spécifique de votre animal. L’ensemble du contenu et de ses illustrations sont la propriété exclusive de la société éditrice VETOZONE, propriétaire de la marque ZOOVET. Aucune reproduction même partielle n’est autorisée sans l’autorisation expresse de son ou ses auteur(s).

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