Saga
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Comportement Félin : Mon minou insupportable !
Comportement

L’organisation de l’espace : la “vérité première” du chat

Bien que présents depuis toujours dans notre quotidien, nos petits félins domestiques sont loins d’être les mieux compris. En effet, que vous ayez craqué pour un irrésistible Persan Chinchilla, un majestueux Maine Coon ou un Européen facétieux, vous n’êtes pas pour autant à l’abri de passer totalement, ou presque, à côté du comportement de votre boule de poil ! Décryptage avec ZOOVET du petit animal, pas si innocent que cela… Les points forts à retenir

D’abord, il faut comprendre  un truc simple, vous n’hébergez pas un matou, c’est lui qui vous accepte chez vous (enfin chez lui !). 

Si on excepte la situation du chaton, qui va d’abord considérer l’espace comme un terrain de jeu permanent (attention à vos mains et à vos pieds…), dès qu’un chat passe à l’âge adulte, il devient territorial. Ce point que souvent les maîtres n’ignorent pas, reste pourtant la cause principale des incompréhensions. 
Le territoire c’est d’abord la « gestion » de l’espace. Et, on entend souvent des maîtres qui culpabilisent parce qu’ils vivent dans un appartement trop petit, et rêveraient pour leur chat qu’il puisse avoir un jardin (pour lui ramener des puces ?). Stop aux idées reçues ! Si un espace exigu peut difficilement convenir à une demi-douzaine de chats en pleine puberté, parce que, c’est vrai, il faut un minimum, le territoire de votre félin préféré n’a aucune raison d’être gigantesque. De toute façon, il en fera le sien et se contentera sans difficulté particulière de n’importe quel espace, n’ayant aucun moyen de comparaison et encore moins d’échelle de valeurs. A condition toutefois de respecter quelques règles et de ne, surtout pas, le froisser!

PLUS ON INTERDIT À SON CHAT, L’ACCÈS À UNE PIECE, PLUS IL METTRA D’ENERGIE POUR S’Y PRÉCIPITER

Première erreur fréquente : couper son appart en 4.

Beaucoup de maîtres interdisent (ou tentent de le faire serait plus juste) l’accès à certaines pièces parce que Minou a uriné sur le tapis d’éveil du petit dernier ou a trouvé plus sympa de ravager la chaise en rotin du salon pour améliorer la déco. Alors, bien sûr, il y a un arbitrage légitime à trouver dans un certain nombre de cas mais, soyons clairs, dans la tête du petit (ou gros) minet, toute réduction d’espace signifie une agression caractérisée qu’il n’aura de cesse de combattre. 

Et c’est là que démarre le plus souvent le dialogue de sourd ! Plus on interdit à son chat, l’accès à une pièce, plus il mettra d’énergie pour s’y précipiter à la moindre occasion. Au début, en mode reconquête amicale avec queue en l’air et ronron remerciant l’ouverture de cette satanée porte. Puis, en cas de répétitions systématiques à se faire sortir, il passe en mode « je dois sauver ce territoire à tout prix ». Ce qui, pour vous, va se traduire par des dégradations de plus en plus régulières ! Attaques en règle du papier-peint ou du mobilier, en général à un endroit bien visible (tant qu’à faire…) ou marquages urinaires sur un coin de meuble voire en plein sur l’oreiller (le « gentil » minet).

Attention de ne pas le prendre pour vous – on sait, c’est parfois un peu difficile – le chat ne se « venge » pas. Il explique juste à tout le monde que ce lieu est bien le sien et fait en sorte que ce soit clair pour tout intrus qui viendrait s’y aventurer. Bien sûr, en tant qu’occupant habituel de l’espace et rendant au quotidien quelques services, vous êtes encore toléré. Mais, attention à la poursuite en tapant dans ses mains pour le faire déguerpir ! FBI (fausse bonne idée !), vous allez aggraver son stress territorial et le pousser à combattre encore plus. Et, si un jour vous trouvez votre Sacré de Birmanie qui vous observe de loin avec un regard un peu perplexe, alors vous avez peut-être ici un début d’explication.

Cependant, dans toute règle il existe souvent quelques exceptions. Si une pièce n’est jamais accessible (attention même pas une seconde), il y a de grande chance que votre chat finisse par ne plus du tout s’y intéresser et donc l’exclure de son territoire. De même, si un lieu n’attire pas particulièrement sa curiosité, alors il ne vous en voudra jamais de ne pas y avoir accès. Mais ces situations restent particulières et ne vous exonèreront pas de devoir vous assurer de quelques points supplémentaires.

La règle d’or : organiser son territoire !

Si vous avez choisi de laisser Princesse déambuler au gré de ses envies et répandre ses poils un peu partout, vous allez marquer un point très avantageux pour elle. Pour autant, la partie n’est pas forcément gagnée. 

En effet, les félins peuvent présenter un comportement paradoxal car, s’ils aspirent à la liberté totale sur leur territoire, ils ne veulent, en aucun cas, que ce soit le bazar. Un chat est un animal très organisé où tout doit être tout le temps à sa place. D’ailleurs, il passe sa journée à tout vérifier en permanence, et c’est même le centre d’intérêt principal de toute sa vie. 

Alors, pour être au top du « cat-friendly », voilà ce qu’il faut faire ou éviter :

  • La litière doit être installée dans un endroit calme, reposant (on évite à côté du sèche-linge qui déclenche l’essoreuse dans un bruit mortel) et toujours accessible.
  • Pas de sophistication extrême pour la litière mais un couvercle est préférable. Attention la porte n’est pas toujours appréciée et il vaut mieux la retirer la plupart du temps. Enfin, la propreté doit être de mise même si ce n’est pas aussi important qu’on le pense (voir notre prochain article sur le sujet).
  • Le coin repos n’est jamais oublié mais il choisira souvent le ou plutôt les siens. Un chat, c’est bien connu, ne « dort » que d’un œil le plus souvent et facilement 16 heures par jour. Il ne va pas passer tout ce temps au même endroit (sauf s’il est particulièrement diminué par l’âge par exemple). Il va donc sélectionner des lieux de couchages « stratégiques » le plus souvent en hauteur pour en faire un poste d’observation privilégié du territoire, parfois un lieu plus accessible pour obtenir des caresses et de temps en temps un lieu très en retrait, presque caché, pour la recherche d’un vrai repos réparateur, mais qui ne dure jamais très longtemps.
  • Pour la nourriture, il y aura toujours débat. Et le type d’aliment conditionne souvent la manière de faire. On rentrera dans les détails avec un autre article. Mais pour le choix du lieu, il paraît assez logique de ne pas l’installer trop près de la litière (pour les petits espaces, pas de panique 1.5 ou 2 m suffisent) et contrairement à ce qu’on entend souvent, le fait de la placer en hauteur n’est pas du tout nécessaire, sauf pour empêcher les chapardages du toutou bien entendu.
  • Enfin, la place du point d’eau est la chose la plus ignorée du monde! Les chats n’apprécient pas et parfois pas du tout de boire à proximité de l’endroit où ils mangent. Donc, il faut définitivement oublier la gamelle double, véritable ineptie féline par excellence. On va là-aussi privilégier un endroit tranquille, idéalement bien éclairé – les chats adorent voir l’eau qui scintille – et s’éviter ainsi de devoir ouvrir le robinet 12 fois par jour ou de retrouver sa boule de poil en équilibre au-dessus de sa cuvette de toilettes.

Avec ces quelques règles, si on imagine en plus quelques espaces de jeux pour s’agripper un peu, pour pouvoir se cacher et surgir de temps en temps, alors vous aurez rempli largement votre mission.  Faire que votre petit compagnon se sente comme ce qu’il aspire à être le plus au monde, un pacha. Mais attention, tout n’est pas encore parfaitement gagné, il va aussi falloir jouer sur la durée. 

LES FÉLINS SONT DES INQUIETS PERMANENTS.

Attention au jour où tout bascule…

Si l’être humain est fondamentalement un nomade sédentarisé pour qui le changement de lieu de vie n’est pas un traumatisme en soi, même le matou le plus cool de la planète va considérer toute modification de son territoire comme une perturbation majeure qui remet en cause son existence même. Rien de moins ! 

Alors on ne peut que conseiller d’éviter la situation extrême, mais parfois bien réelle, du décorateur d’intérieur qui va chambouler tous les 3 matins l’organisation de son appartement au gré de ses aspirations artistiques. On pourra toujours miser sur une certaine adaptabilité de Félix, mais il risque souvent de finir complètement déboussolé. 


Les félins sont des inquiets permanents. Des anxieux même diraient certains. Sinon ils ne passeraient pas leur journée à scruter la moindre modification de leur lieu de vie. C’est pour cela qu’ils vous réclament 10 fois par jour d’ouvrir la porte pour sortir. Il faut sur le champ vérifier que rien n’a bougé ! Avec le temps et l’âge, l’attention territoriale se relâche un peu même elle restera toujours une priorité absolue. 


Et, si pour une raison ou un autre, vous devez refaire votre logement, changer son organisation, ou les personnes qui y habitent (oui, ça fait aussi parti du territoire), voire déménager, ayez toujours à l’esprit que vous allez, d’une manière plus ou moins marquée pour votre chat, lui imposer une situation critique. Il arrive parfois qu’on assiste même à des situations hallucinantes avec un Minou plutôt gentil qui devient complètement hystérique, simplement parce que le maître a commencé à stocker des cartons pour son déménagement. Même si cela fait partie de la vie et même si certains chats encaissent un peu les choses, il n’y a aucun remède miracle pour leur éviter le déchirement qu’ils vont devoir subir à ce moment. C’est comme ça !

Vous pouvez néanmoins amortir un peu le choc en vous concentrant sur les quelques règles d’organisation du territoire vues plus haut. Pour aller plus loin, l’usage de phéromones sous forme de diffuseurs en particulier, pourra améliorer une transition. Il est en revanche totalement inutile d’utiliser des répulsifs largement répandus un peu partout, ils ne servent strictement à rien pour prévenir les dégâts. La transition pourra alors durer quelques jours à peine mais parfois plusieurs semaines. Tout dépendra aussi des autres aspects territoriaux qu’on aura pu mettre en place. Il est souvent conseillé d’anticiper l’utilisation des phéromones, avant tout changement. Lors de déménagement par exemple, le fait de brancher un diffuseur pendant quelques semaines en commençant quelques jours avant aidera souvent à l’adaptation. Enfin, certains produits médicamenteux pourront compléter notre arsenal, mais il sera préférable de se rapprocher de son vétérinaire qui jugera avec vous de l’opportunité d’y avoir recours.

Voilà, avec toutes ces astuces et ces conseils, vous êtes fin prêt pour accueillir ou pour améliorer le quotidien de votre matou préféré. Il ne manquera pas de vous récompenser en devenant à son tour le félin le plus parfait du monde : toujours prêt pour une séance de jeux ou de caresses, jamais un miaou plus haut que l’autre, une totale confiance en vous et une propreté à tout épreuve !

Les points forts à retenir pour une gestion optimale de l’espace
  • La maîtrise de l’espace est une notion capitale pour les chats. Il est donc souvent illusoire de leur interdire une partie du logement sans risquer des dégradations.
  • Chaque espace aura pour le chat une fonction relativement définie : lieu d’alimentation, litière, eau, couchage, cachette et jeu
  • La litière (parfois 2 nécessaires) doit être disposée à l’écart, toujours accessible, dans un endroit tranquille et rassurant. Elle doit être propre mais il est inutile d’être maniaque avec ça.
  • L’alimentation et le point d’eau doivent être séparés physiquement
  • Pour le repos, les chats adorent les lieux confortables en hauteur qui leur permettent d’avoir la vue la plus stratégique sur l’ensemble du territoire ou les lieux de passage
  • Les zones de jeux n’ont pas de localisation particulière. Les jeunes chats aiment souvent s’agripper. Un griffoir peut parfois être utile à condition d’être placé à l’horizontal ou sur un plan légèrement incliné, à proximité de l’entrée d’une pièce qu’on souhaite protéger par exemple (et l’esthétique y perdra souvent ce que le pratique y gagnera…)
  • Toute modification importante de l’organisation de l’espace sera toujours vécue comme un drame profond pour un chat, à l’origine d’un stress voire d’une anxiété importante. On peut en réduire les effets en anticipant : mettre rapidement en œuvre les aménagements nécessaires et utiliser par anticipation des phéromones.
La rédaction de cet article a été effectuée sous la responsabilité éditoriale et technique du Dr Frédéric VEREZ, vétérinaire praticien en médecine canine depuis 20 ans. Les avis et les conseils formulés sont donnés à titre d’information générale délivrée au public et ne sauraient se substituer à l’intervention de tout professionnel autorisé et compétent, qui sera en capacité d’examiner, de comprendre et de prendre en charge la situation spécifique de votre animal. L’ensemble du contenu et de ses illustrations sont la propriété exclusive de la société éditrice VETOZONE, propriétaire de la marque ZOOVET. Aucune reproduction même partielle n’est autorisée sans l’autorisation expresse de son ou ses auteur(s).