Saga
2/6
Comportement Félin : Mon minou insupportable !
Comportement

Malpropreté et dégradations multiples : que faire ?

Voir que son chat vient d’uriner pour la 5ème fois ce mois-ci sur notre couette de lit, n’est pas la même chose que de le voir tous les jours envoyer un jet d’urine à côté de la porte de la chambre, ni constater qu’il va uriner partout où il se trouve dans la maison.  Les points forts à retenir

D’abord, il est essentiel de ne pas confondre avec une vraie situation médicale !

Voir que son chat vient d’uriner pour la 5ème fois ce mois-ci sur notre couette de lit, n’est pas la même chose que de le voir tous les jours envoyer un jet d’urine à côté de la porte de la chambre, ni constater qu’il va uriner partout où il se trouve dans la maison. 

Le surprendre à gratter le tapis de l’entrée, s’agripper au dos du canapé, s’acharner tous les jours sur les papiers peints non plus ! 

Enfin, même si la dégradation ne concerne pas le logement directement, il faut aussi ajouter ici toutes les actions redirigées contre son propre corps : léchage excessif, en particulier du ventre et des membres, démangeaisons violentes au visage, etc…

Dans toutes ces situations, il est fondamental de ne pas se tromper de « diagnostic ». La confusion pourrait parfois être lourde de conséquence. En effet, un certain nombre de dégâts, la malpropreté urinaire en particulier, sont souvent le résultat d’une véritable maladie qu’il conviendra d’identifier correctement avec son vétérinaire. Pour citer les plus fréquentes, on remarquera que le diabète ou l’insuffisance rénale sont responsables d’une surconsommation d’eau que votre chat ne pourra plus contrôler. Il sera alors pris d’envies multiples et soudaines d’uriner, un peu n’importe où il se trouve. Et ce, même s’il appréciait parfaitement sa litière. La première chose à faire est donc de se poser la question de la quantité d’eau qu’il boit. En moyenne, un chat boit 50 ml d’eau par kg, selon son alimentation et son mode de vie. Au-dessus de 100 ml (soit plus de ½ litre pour un minou de 5 kg), vous pouvez être sûr que la situation est déséquilibrée par quelque chose. Entre les deux, c’est la zone grise et il vaut mieux faire vérifier au préalable sa santé.

La consultation s’impose en cas de doute.

La deuxième observation importante concerne le rythme des mictions. Si votre minou ne boit pas plus que cela mais paraît se précipiter 10 fois par jour vers sa litière, là-aussi, il y a un problème. Il ne va alors uriner que quelques gouttes, parfois d’une couleur rosée, en miaulant sur un ton agacé et pas toujours au bon endroit. Attention, en particulier, au cas du chat mâle qui commence comme cela puis arrête complètement d’uriner, devient fatigué voire vomit. Cette situation est une urgence vitale absolue. Il peut être victime de l’apparition d’un bouchon urétral qui rend impossible toute miction. Là, il faut rejoindre sans tarder la clinique vétérinaire. Dans tous ces cas, votre minou exprime d’abord des signes de cystite et cela n’a rien à voir avec une malpropreté comportementale. 

Pour les autres types de dégradations, il faut parfois exclure des problèmes de douleur, du dos en particulier, qui sont loins d’être rares chez les félins, notamment en cas de surpoids et de sédentarité. Si les « griffades » répétées sont le plus souvent reliées à des frustrations que le chat cherche à compenser, le phénomène peut également s’aggraver sous l’effet de douleurs physiques récurrentes auxquelles il ne parvient pas à se soustraire. Là aussi, la consultation s’impose en cas de doute.

Enfin, pour les dégâts centrés sur le corps lui-même, qualifiés parfois « d’automutilations » comme le léchage excessif du ventre ou les fortes démangeaisons au cou et au visage, il est indispensable de poser un diagnostic clair. On rentre dans une catégorie de problèmes complexes où l’existence préalable d’un problème dermatologique (puis d’une manifestation comportementale associée) est très fréquente.

Donc, même si cela peut sembler freiner les choses, il ne suffira pas de rendre notre Pacha plus zen pour que le problème s’arrête vite, malheureusement.

Du comportement normal à l’anormal, difficile de s’y retrouver ?

Si on est convaincu désormais que notre Minou ne souffre d’aucun problème médical, alors on doit distinguer ce qui est normal, de ce qui peut être vraiment considéré comme une déviance du comportement. 

En effet, même dans le contexte spécifique du comportement, il y a malpropreté et malpropreté. Le chat mâle qui marque son territoire par de petits jets d’urines situés en particulier sur des supports verticaux, dans des lieux de passages (les escaliers ou le couloir de l’entrée par exemple), c’est plutôt normal, même si cela ne fait pas particulièrement plaisir. Les chattes pourront elles aussi réaliser un marquage urinaire de leur territoire mais dans des situations beaucoup plus rares, lors des chaleurs par exemple. En général, ces marquages restent peu présents voire parfois totalement absents pendant des années. Leur apparition soudaine est souvent la conséquence d’une compétition nouvelle ou d’une tension territoriale qui surgît brutalement. L’exemple type est celui du chat qui revient bouleversé de sa balade parce qu’il a fait une mauvaise rencontre et veut alors «sécuriser» son territoire en le marquant frénétiquement de son odeur personnelle grâce à ses urines, en particulier. On retrouvera aussi ce marquage en cas de déménagement mal préparé ou lors de l’introduction d’un nouveau chat dans la maison. En réalité, même si ces comportements peuvent être considérés comme normaux, il existe aussi des situations d’exagérations où le marquage est sur exprimé. Il sera alors préférable d’agir (pour le bien de tous, n’oublions pas que nous sommes en cohabitation…)

Bien souvent les félidés privilégient des endroits confortables pour uriner

Par ailleurs, si votre magnifique Princesse, Persan chinchilla aux yeux verts, se comporte comme la dernière des souillons en soulageant intégralement sa vessie au milieu du canapé, ça va peut-être surprendre mais ce n’est pas forcément quelque chose d’anormal. Bien entendu, personne ici n’invite à accepter cette dégradation. Mais, ce qu’il faut d’abord comprendre, c’est que bien souvent les félidés privilégient des endroits confortables pour uriner. Cela les apaise. Un canapé ou un coussin, c’est souple, agréable au toucher et en plus cela absorbe tout. Du point de vue pratique, c’est l’endroit idéal pour un chat ! Donc, là-aussi, face à de tels avantages, dire qu’on pourra éviter à 100 % ce genre d’incident reste un peu illusoire. Vivre avec un chat vous amène nécessairement à cette prise de risque. Ce qui ne veut pas dire, en particulier si ce comportement venait à s’intensifier qu’on ne devrait rien faire pour l’empêcher. Les solutions existent et sont expliquées un peu plus tard. En revanche, pourchasser son chat en tapant sur une casserole dès qu’il approche du canapé ou pour l’extirper de la chambre, reste une erreur notable à éviter. Vous allez juste contribuer à aggraver les problèmes de cohabitation avec lui !

Enfin, les chats marquent aussi leur territoire par leurs griffades. Là-aussi, rien d’anormal à ce que notre Minet gratte nerveusement quelques secondes le tapis de l’entrée ou de la salle de bain. Il peut aussi s’en prendre à l’assise du fauteuil (supports horizontaux) et parfois au dos d’un meuble qui « accroche » bien. Le point important pour lui, c’est qu’il soit bien situé, c’est-à-dire bien visible, en plein milieu du passage pour que tout le monde puisse le remarquer. Charmant !

On pourra alors s’inquiéter de l’exagération de tels comportement. De façon assez similaire au marquage urinaire, on peut considérer que le problème dépasse le cadre de la normalité s’il se répète par exemple plusieurs fois par jour, tous les jours sans exception. Il faut aussi rester attentif au fait que nous réagissons d’abord à partir d’une certaine échelle de valeur du dégât. Le mal être du chat ne tient pas compte de la valeur de ce qui est dégradé :  Exemple, le fait de s’en prendre nerveusement 10 fois par jour à un bout de carton dont on se fiche complètement est en réalité beaucoup plus grave du point de vue comportemental que d’avoir abîmé une fois le dos d’un canapé neuf (on ne veut pas dire que c’est bien fait pour autant !). 

Enfin, on rappelle là aussi, que si le léchage est une activité récréative tout à fait banale (en moyenne les chats y consacrent 1 heure tous les jours), comme de se gratouiller un peu le cou ou le visage, le fait que ces activités laissent soudainement des traces visibles et persistantes sur le corps nous indique qu’elles doivent être prise en charge médicalement. Comme souvent chez les félins, c’est l’expression exagérée d’un comportement, même normal, qui va déterminer son caractère pathologique.

Après, ce n’est pas parce que c’est normal qu’on va se laisser faire !

Alors le Minou il est bien gentil, mais ruiner le canapé neuf et bombarder de ses urines tous les couloirs sans exception, ce n’est plus possible !

Comme on cherche ici à combattre un comportement globalement naturel et instinctif des félidés, la seule vraie manière de faire est d’adopter une stratégie de détournement ou, plus subtil mais assez efficace, de dégoût…

Il faut toujours avoir conscience qu’un chat ne fait que ce qu’il lui plaît. Une bonne stratégie de détournement pour le problème urinaire par exemple, consiste donc à proposer une 2 ème litière, dont on aura bien sûr correctement choisi l’emplacement. Et sur ce point, il faut un peu tordre le cou à une idée fausse largement répandue. La litière n’a absolument pas besoin d’être « nickel ». En tout cas ce n’est pas du tout un argument pour expliquer un comportement de malpropreté (toute proportion gardée, bien entendu). 

Le fait de trouver un griffoir sympa (oublions peut-être le triste grattoir en carton pour un modèle un plus évolué en cordages ?) astucieusement déposé au sol près du lieu des dégâts (voire pour en gêner l’accès, encore mieux) peut facilement être choisi par notre Minet, qui par ailleurs n’a aucune autre échelle de valeur sur ce point à part l’emplacement et son ressenti lors de la griffade. Astuce à essayer !

Si ces premiers moyens mis en œuvre sont plutôt faciles, il restent assez passifs et ne vont pas toujours suffire. Dans ce cas, on peut passer à l’action ! Mais, encore une fois, pas en poursuivant Belphégor en hurlant pour le faire déguerpir (c’est sensible un chat, et pas sûr qu’il soit toujours d’accord pour les caresses après). D’abord, on peut rendre tout ce qui est accessible facilement et confortable, désagréable pour lui. Par exemple, si la couette du lit ou le canapé sont recouverts d’une toile cirée beaucoup moins moelleuse et absorbante pendant quelques semaines, et qu’en plus on profite de cette période pour installer une autre litière dans un endroit adapté, alors on peut raisonnablement espérer que les choses s’arrangent. Si on tient absolument à empêcher l’accès à un objet (monter sur une table par exemple), une bonne vieille méthode de dégoût consiste, non pas à le faire fuir en tapant dans ses mains, mais à s’équiper d’un petit asperseur à eau. La technique impose de ne surtout pas lui montrer que la réprimande vient de vous. Au contraire, vous lui envoyez discrètement un petit jet qui va suffire à l’effrayer et le faire déguerpir, sans rien changer de ce que vous faisiez. Comme si de rien n’était, sans bruit ni mouvement suspect… Votre chat ne comprendra pas d’où cela vient et aura alors l’impression que le lieu devient subitement « maudit » (du moins c’est l’idée). Le résultat de ce type de petite perfidie est souvent très rapide. Il ne suffit que de quelques expériences renouvelées avec le même résultat négatif pour lui, pour que notre Minou renonce plus ou moins définitivement. Tout dépendra aussi de l’intérêt qu’il aura pour le lieu convoité. Le comportement reste toujours une affaire d’équilibre entre l’intérêt recherché et la contrainte subie.

Quand la situation tourne encore un peu plus mal …

Si vous avez mis en œuvre l’essentiel des mesures appropriées, vous ne devriez jamais en arriver à des situations de dégradations extrêmes. Il arrive parfois qu’on tombe sur un matou complètement barré, mais, spontanément et sans intervention « humaine » c’est particulièrement rare. Et on s’en rend compte dès les premiers jours. Il arrive parfois aussi de tomber sur un chat peu socialisé (chat trouvé dehors), qui est naturellement peu propre (car il aime uriner partout) ou qui est très territorial et ne peut réprimer sa trop forte envie de faire un marquage très insistant. Si les conditions qui lui sont offertes sont bonnes, la situation devrait s’arranger progressivement, mais cela sera souvent plus long.

Cependant, en dehors de ces quelques exceptions, on doit plutôt essayer de faire son mea culpa. Où est-ce que les choses ont cloché? Si vous en êtes à poursuivre votre chat dès qu’il s’approche du canapé ou met un pied dans la chambre, comme dit plus haut, vous avez déjà un élément de réponse car vous avez oublié d’être stratégique. Si la litière en particulier n’est pas du tout au bon endroit ou qu’il y a eu une modification significative de l’espace du chat, on retombe là-aussi dans une situation qu’il faut reprendre au début. Enfin, si les troubles vous laissent un doute sur la possibilité d’un problème de santé, les vétos sont là pour ça. 

Donc, dans l’immense majorité des cas, on doit revenir à des considérations de base :  Repositionner les différents espaces et besoins du Minou, éviter d’avoir soi-même des comportements ou des réactions qui aggravent les choses (et oui !), juger si le problème tient à une perturbation particulière (par exemple déménagement, cohabitation nouvelle avec un autre chat ?). 

Comme nous l’avons vu dans le premier article, il est, par ailleurs, totalement inutile ici de recourir aux produits dits « répulsifs ». Ils n’ont absolument aucun impact autre que celui du hasard. Au mieux, ils vont parfumer votre atmosphère avec des effluves pas tellement plus agréables. Lorsqu’un chat marque son territoire par ses urines ou ses griffades, ce n’est jamais l’odeur qui le pousse à le faire. Comme on l’a expliqué, c’est d’abord le lieu et ses caractéristiques physiques (confort notamment), ou son besoin d’affirmer sa territorialité qui déterminent son action. L’odeur ne joue là qu’un rôle totalement marginal. Donc stop aux idées reçues. 

Pour compléter, on peut aussi parler des phéromones faciales. Croire qu’elles auront un rôle magique et que vous n’aurez rien à faire ou changer, non. Mais en particulier pour la malpropreté urinaire, elles donnent souvent de bons résultats, parfois même spectaculaires. Pour être cohérent, on préfèrera l’usage en diffuseur qui permet une imprégnation de plusieurs semaines (parfois plusieurs mois nécessaires) du logement le temps que de nouvelles habitudes se mettent en place. A condition de rester cohérent sur l’aménagement de l’espace pour que la propreté soit favorisée et non l’inverse, bien entendu !

  • La malpropreté féline (urinaire en particulier) ou des dégradations du territoire comme des actions redirigées sur le corps ne sont pas toujours liées à un problème de comportement et certaines maladies parfois graves peuvent l’expliquer
  • Beaucoup des comportements de dégradations (malpropreté urinaire et griffades) sont en réalité des comportements normaux. C’est l’exagération ou la répétition importante de ces comportements (leur exacerbation soudaine par exemple) qui révèlent une difficulté nouvelle, le plus souvent d’adaptation territoriale
  • Lorsque la dégradation concerne le corps lui-même (léchage excessif laissant des zones sans poils, scarifications du cou et du visage, par exemple) il faut d’abord faire examiner son chat par un vétérinaire
  • L’amélioration des dégradations passe nécessairement par un examen du territoire pour vérifier s’il est un minimum cohérent pour son chat (cf article sur l’aménagement de l’espace)
  • On peut aussi chercher à détourner positivement ou négativement le chat d’un comportement : ajouter une litière de plus, disposer des grattoirs adaptés, modifier l’aspect général et l’attractivité des lieux de dégâts (rendre inconfortable un lieu qui l’était, disposer un obstacle qui gêne)
  • Supprimer l’accès à une pièce reste une solution compliquée pour résoudre les dégradations surtout si on s’y rend soi-même ou que le minou parvient à y rentrer de temps en temps
  • Les répulsifs ne servent strictement à rien, c’est une perte de temps et d’argent. Les phéromones s’avèrent plus efficaces si elles sont utilisées en association avec la mise en place de mesures adaptées.

Les articles les plus lus